samedi, septembre 27, 2008

Hegel sur la mémoire (Gedächtnis)


Extrait de la Propédeutique philosophique (traduction de Maurice de Gandillac)

§ 155. 1) Le signe en général. La représentation ayant été libérée de la réalité présente extérieure et rendue subjective, cette réalité et la représentation interne se sont situées face à face comme deux choses distinctes. Une réalité extérieure présente devient signe lorsqu'elle est arbitrairement associée à une représentation qui ne lui correspond pas et qui s'en distingue même par son contenu, en sorte que cette réalité doive en être la représentation ou signification.


§ 156. Le mémoire créatrice produit donc l'association entre intuition et représentation, mais une libre association dans laquelle se trouve inversé le rapport précédent, où la représentation reposait sur l'intuition. Dans l'association telle que l'opère la mémoire créatrice, la réalité sensible présente n'a aucune valeur en elle-même et pour elle-même, mais sa seule valeur est celle que lui confère l'esprit.


§ 157. La réalité présente d'ordre sensible se rapporte, par ses déterminations, absolument parlant, à une autre réalité présente. Mais dès lors que la mémoire créatrice fait d'une représentation sa propre détermination, elle devient essentiellement, par là-même, relation entre des représentations et d'autres essences capables de représentation ; et c'est ainsi que commence la communication théorique de ces êtres les uns avec les autres.


§ 158. 2) Le langage. L'oeuvre la plus haute de la mémoire créatrice est le langage, qui est, d'une part, verbal, d'autre part, écrit. La mémoire créatrice, ou mnémosyne, étant la source du langage, il ne peut être question d'une autre source qu'en ce qui concerne la découverte de signes déterminés.


§ 159. Le son est la fugitive manifestation phénoménale d'une intériorité, laquelle, en cette extériorisation, ne reste pas une réalité extérieure, mais se fait connaître comme réalité subjective, intérieure, qui signifie essentiellement quelque chose. – Il est particulièrement important que l'articulation des sons permette de désigner, non seulement des images en leurs déterminations, mais aussi des représentations abstraites. – Absolument parlant, le signe verbal fait de la représentation concrète une réalité sans image, laquelle s'identitfie au signe.

(L'image est détruite et le mot la remplace. Ceci est un lion : le nom vaut la chose. – Logos ; Dieu dit... etc. – Le langage est la suprême puissance chez les hommes. – Adam, dit-on, donna leur nom à toutes les choses (aux animaux). – Le langage est la disparition du monde sensible en son immédiate présence, la suppression de ce monde, dès lors transformé en une présence qui est un appel apte à éveiller un écho chez toute essence capable de représentation.)

1 commentaire:

Tanja Barazon a dit...

Vielleicht, wenn du eines Tages deutsch kannst, dann wirst du Hegel auch auf deutsch lesen können und das wird ganz super toll!